jeudi 3 juin 2010

DE L'EGLISE PARTICULIERE A L'EGLISE UNIVERSELLE CF. DROIT CANON


Dans le contexte restreint qui est le nôtre, en cette présente étude, nous voulons parler avec Vatican II d’ « Eglise universelle » comme l’ensemble de l’Eglise, tout comme des églises qui constituent cette Eglise universelle car c’est à l’intéreiur de l’église catholique que ces deux termes corrélatifs sont envisagés. Comment faut-il comprendre le rappport qui existe entre l’ensemble de l’Eglise et les diverses églises locales ou particulières ? Telle est la préocupation de ce travail.

I. FONDEMENT BIBLIQUE

Dès les origines, on le sait, le langage chrétien a parlé au singulier de « L’Eglise » et, au pluriel, des « églises ». L’Eglise de Dieu est unique : il n’y a qu’un seul corps du Christ, une seule épouse du Christ, un seul bercail, un seul troupeau sous un seul Berger, il n’y a qu’un seul Israël de Dieu ( Gal 6,16). Néanmoins, à, partir de la première communauté chrétienne, l’Eglise-mère de Jérusalem (Rm 15,19), Act 15,4, d’autres communautés se sont fondées, d’autres églises, qui sont aussi nombreuses que les cités où l’unique Eglise se trouve toujours et dejà implantée. C’est ainsi que les actes des Apôtres nous montrent Paul,accompagné de Silas, parcourant la Syrie et la Cilicie pour y visiter les églises et les fortifier dans la foi.( Act 15,41). Dans cette perspective, au second concile de Vatican, la constitution Lumen Gentium nous le rappelle aux mots de LUBAC :

« Cette église du Christ est vraiment présente en tous les légitimes groupements locaux des fidèles qui, unis à leurs pasteurs, reçoivent dans le nouveau testament, eux aussi le nom d’Eglise »
[1].

II. CONCEPT ET DISTICTION

L’église universelle n’est-elle pas l’église catholique ? Etymologiquement ces deux épithètes sont proches voire même synonymes. Universel et catholique sont tous les élément qui convergent vers l’unité. La divergence dans le langage courant est que l’ « universel » évoque une expansion tandis que « catholique » évoque un rassemblement. L’ « universel » suggère l’idée d’une réalité partout répandue tandis que « catholique » donne l’idée d’un tout organique non pas dispersé main au contraire, quelle que soit l’étendue dans l’espace le centre reste l’unité dans la diversité. Cette diversité nous fait penser aux communautés locales ou églises particulières dans ses réalités d’expansion ou de rassemblement.
La description de l’église naissante selon Vatican II nous fait savoir que le catholicisme est à la première vue, une dispersion des églises locales, une solidarité et une unité organique entre les églises. Que dire alors des églises particulières ?
Parler des Eglises particulières, c’est faire allusion à l’ecclésiologie conciliaire LG 23, paragraphe 1 qui stipule que l’ « Eglise catholique une et unique existe dans les églises particulières et par les Eglises particulières »
L’Eglise particulière serait-elle en opposition avec l’église universelle ? Cette Eglise ne dépend de l’Eglise universelle car elle n’a d’existence concrète qu’à celle-là. Les deux sont des réalités complémentaires. Voici les atouts des notre recherche :
-L’Eglise universelle n’a une existence concrète qu’en Eglises particulières.
-L’Eglise universelle n’est pas la somme des Eglises particulières puisque chaque église particulière est pleinement catholique, sans pour autant être toute l’Eglise catholique.
-L’Eglise particulière est l’Eglise universelle, celle du Christ prenant vie et forme dans un lieu et pour un peuple déterminé
-L’Eglise particulière est une portion du peuple de Dieu dans un territoire déterminé LG 23
-L’Eglise particulière est la manifestation concrète de l’Eglise universelle dans un cadre spatio-temporel précis, dans une portion du peuple de Dieu déterminé, c’est sa concrétisation, son incarnation, son expression authentique. Ces différentes idées seront explicitent dans la deuxième partie de cette réflexion autour du rapport entre l’Eglise universelle et les églises particulières. Affirmons d’abord avec précision que d’après le can 368 les églises particulières dans lesquelles et à partir desquelles existe l’Eglise catholique une et unique sont en premier lieu les diocèses. Mais ce même canon établit l’assimilation aux églises particulières d’autres structures juridiquement ecclésiastiques telles prélature territorial, l’abbaye territoriale, le vicariat apostolique et la préfecture apostolique. Ceci dit, posons notre attention sur le diocèse.


a. Le diocèse

Il est la portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’il en soit avec la coopération du presbyterium, le pasteur. Can 369. De cette définition, il faut relever les différents éléments constructifs suivants : une portion du peuple de Dieu ou une communauté des fidèles gouvernée par un évêque dans un conseil presbytéral. Une portion du peuple de Dieu veut dire une partie de l’ensemble. Cette expression exprime bien quelle soit une partie, elle est issue et doit respecter les normes de l’Eglise universelle pour qu’elle se reconnaisse comme telle portion de cette Eglise. Le diocèse est l’église particulière-type qui rend présente et agissante l’Eglise du Christ mais cette Eglise du Christ doit être localisée, manifestée concrètement pour des personnes, l’ordonnancement canonique précis que ces personnes sont d’un territoire donné. Can 372 paragraphe 1.

b. Les regroupements des Eglises particulières comme moyen de communication de l’idéal de l’Eglise Universelle

-La province ecclésiastique est le regroupement des diverses Eglises particulières voisines en vue de la promotion de l’action pastorale commune et des relations mutuelles entre évêques diocésains. Can. 439.
-La conférence des évêques est la réunion des évêques d’une nation ou d’un territoire donné qui exercent ensemble certaines charges pastorales pour les fidèles de leurs territoire dans le but de promouvoir les biens de l’Eglise.

III. EGLISE UNIVERSELLE ET EGLISE PATICULIERE

L'Eglise du Christ, proclamée une, sainte, catholique et apostolique dans le Symbole de foi, est l'Eglise universelle, c'est-à-dire la communauté universelle des disciples du Seigneur (1Co 12 ,28), qui devient présente et agissante dans la particularité et la diversité des personnes, des groupes, des époques et des lieux. Parmi ces multiples expressions particulières de la présence salvifique de l'unique Eglise du Christ, on trouve dès l'époque apostolique des expressions qui sont en elles-mêmes Eglises (Ac8, 1 ; 11,22), parce que, bien qu'elles soient particulières, l'Eglise universelle est présente en elles avec tous ses éléments essentiels. Elles sont par conséquent constituées "à l'image de l'Eglise universelle" et chacune d'entre elles est "une portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu'avec l'aide de son presbyterium il en soit le pasteur (LG23) C'est pour cela que l'Eglise universelle est le Corps des Eglises donc on peut aussi appliquer de manière analogique le concept de communion à l'union entre les Eglises particulières, et comprendre ainsi l'Eglise universelle comme une Communion d'Eglises. Pour comprendre le vrai sens de l'application analogique du terme communion à l'ensemble des Eglises particulières, il faut avant tout considérer que ces Eglises, en tant que "parties de l'unique Eglise du Christ ont avec le tout, c'est-à-dire avec l'Eglise universelle, un rapport particulier d'"intériorité mutuelle parce que dans chaque Eglise particulière "est vraiment présente et agissante l'Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique (Décret Christus Dominus n°11).Manifestant son universalité dès son origine, elle a donné naissance aux diverses Eglises locales, comme à des réalisations particulières de l'Eglise une et unique de Jésus-Christ. En naissant dans et de l'Eglise universelle, c'est d'elle et en elle qu'elles ont leur unité. Par conséquent, la formule du Concile Vatican II: l'Eglise dans et à partir des Eglises (Ecclesia in et ex Ecclesiis)( LG 23) veut dire c’est en elles et à partir d’elles(les églises particulières) q’existe l’Eglise catholique une et unique. La nature de mystère de ce rapport entre Eglise universelle et Eglises particulières est évidente; ce rapport n'est pas comparable à celui qui existe entre le tout et les parties dans tout groupe humain ou société purement humaine.Tout fidèle, par la foi et le Baptême, est inséré dans l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique. On n'appartient pas à l'Eglise universelle de façon médiate, à travers l'appartenance à une Eglise particulière, mais de façon immédiate, même si l'entrée et la vie dans l'Eglise universelle se réalisent nécessairement dans une Eglise particulière. Dans la perspective de l'Eglise comprise comme communion, l'universelle communion des fidèles et la communion des Eglises ne sont donc pas conséquence l'une de l'autre, mais constituent la même réalité vue selon des perspectives différentes.
En outre, l'appartenance à une Eglise particulière n'est jamais en contradiction avec la réalité qui veut que dans l'Eglise personne ne soit étranger puisque dans la célébration de l'Eucharistie tout particulièrement, tout fidèle se trouve dans son Eglise, dans l'Eglise du Christ, en faisant abstraction de son appartenance ou de sa non-appartenance, du point de vue canonique, au diocèse, à la paroisse, ou à l'autre communauté particulière ou cette célébration a lieu. Ainsi celui qui appartient à une Eglise particulière appartient à toutes les Eglises; en effet, l'appartenance à la Communion, comme appartenance à l'Eglise, n'est jamais purement particulière: elle est toujours universelle par sa nature(LG13).

IV. UNITE ET DIVERSITE DANS L’EGLISE

L'universalité de l'Eglise entraîne d'une part la plus solide des unités et, d'autre part, une pluralité et une diversité, qui ne sont pas un obstacle pour l'unité, mais lui confèrent au contraire son caractère de 'communion' Cette pluralité se réfère soit à la diversité des ministères, des charismes, des formes de vie et d'apostolat à l'intérieur de chaque Eglise particulière, soit à la diversité des traditions liturgiques et culturelles entre les différentes Eglises particulières.La promotion d'une unité qui ne soit pas un obstacle à la diversité, tout comme la reconnaissance et la promotion d'une diversité qui ne soit pas un obstacle à l'unité mais l'enrichisse, constituent une responsabilité primordiale du Souverain Pontife pour toute l'Eglise(LG.13) et, restant sauf le droit général de l'Eglise, de tout Evêque pour l'Eglise particulière confiée à son ministère pastoral. Mais l'édification et la sauvegarde de cette unité, qui reçoit de la diversité son caractère de communion, sont aussi de la responsabilité de tous dans l'Eglise, parce que tous sont appelés à la construire et à la respecter chaque jour, principalement par la charité qui est "le lien de la perfection"(Col3,14).Dans le contexte de l'Eglise comprise comme communion, il faut aussi considérer les divers instituts et sociétés, expression des charismes de vie consacrée et de vie apostolique dont le Saint-Esprit enrichit le Corps Mystique du Christ: même s'ils n'appartiennent pas à la structure hiérarchique de l'Eglise, ils appartiennent à sa vie et à sa sainteté( LG44).A cause de leur caractère supra-diocésain, enraciné dans le ministère de Pierre, toutes ces réalités ecclésiales sont aussi des éléments au service de la communion entre les diverses Eglises particulières.

En guise de conclusion nous rappelons que la communion universelle du peuple de Dieu, au service duquel le Seigneur a institué le ministère apostolique se fait dans la collégialité. L’union collégiale de l’épiscopat manifeste de manière concrète la nature même de l’église qui, étant dans le monde la semence et le commencement du royaume de Dieu, constitue pour tout le genre humain le germe le plus vigoureux d’unité, d’espérance et de salut (LG n°9) .De même l’église est une et unique, de même l’épiscopat est un et non divisé. C’est pour cela que à part les églises particulières dont à la tête de chacune se trouve un Evêque, il existe de regroupement des églises particulières (Cf. Can 431-459) qui suggèrent d’une façon parfaite l’unité dans la diversité de l’église catholique. Quelques uns de ce regroupement sont : province ecclésiastique, conférence des évêques, synode diocésain. Cet organigramme est chapeauté par le successeur direct de Pierre pour signe de l’unité dans la diversité.
[1] HENRI DE LUBAC, SJ, Les églises particulières dans l’église universelle, Paris, 1971, P29.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire